Handi-sexualité : L’art de libérer votre plaisir en toutes situations

Découvrez ici les témoignages illustrés de 31 personnes qui dévoilent leurs astuces pour faire l’amour en situation de handicap.
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Salut les gens sous la couette ! Ici Morgane Z. et je vous propose aujourd’hui cet article sensuel sur le « handi-sexe » : faire l’amour en situation de handicap.
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Au programme de l’article :

Table des matières

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Vous pensez être « valides » ?

Saviez-vous que vous allez vivre 8 ans de votre vie avec un handicap ? (voir chiffres à la fin de l’article). De plus, d’après les chiffres du CCAH et de l’INED, le handicap touche entre 9 et 15% de la population Française. Face à une situation de handicap, je vous propose d’adopter le mode « handi-positif ». Il s’agit d’accepter la personne telle qu’elle est, en la voyant en tant qu’être humain sensible et sexué, sans donner une place exagérée à sa différence, mais en la prenant en compte lors de vos ébats intimes !

Vous êtes en situation de handicap ?

Bienvenue dans le monde réel ^^ Même sans parler d’un handicap reconnu « officiellement », on vit tous et toutes un handicap à un moment donné, c’est juste une question de situation. Quelqu’un de grand aura des difficultés à passer sous les portes sans adapter sa posture, quelqu’un de petit pourra galérer à attraper un truc au dernier étage d’un rayon commercial… Vous avez tous et toutes des particularités bien à vous.

Alicia Luz Aquaslam a créé cet aquaslam dans le cadre de notre collaboration pour cet article.

Mon but avec ce blog est de vous aider à vous accepter comme vous êtes, vous et Chéri-e, sans vouloir vous changer, et de prendre en compte vos particularités respectives pour libérer votre plaisir dans votre sexualité.

Le plaisir est à la portée de tout le monde, avec un peu d’imagination ^^ La preuve avec toutes ces belles personnes (vivant une forme de handicap au sens large) qui m’ont livré leurs témoignages. J’ai rassemblé leurs histoires intimes par grands types de « solutions » leur permettant de vivre leurs désirs sensuels 🔥 Et j’ai même intégré une anecdote me concernant au milieu des témoignages, en tant que porteuse d’un handicap invisible, la trouverez-vous ? 😉

 

S’aimer soi et avoir conscience de sa propre valeur

Vous avez de la valeur !

Ce n’est pas parce qu’on porte un handicap qu’on est bizarre et fragile ! Déjà : qui n’est pas bizarre ? Ensuite, comme je le défends dans mon article sur le handicap, une personne « différente » fait forcément preuve d’une grande capacité d’adaptation dans un monde qui ne lui est pas adapté. C’est la preuve d’une force, plutôt que d’une fragilité. Et même sans avoir développé de capacités extraordinaires, le simple fait d’exister donne de la valeur. Par principe et par dignité. Quelle que soit votre différence, sachez que vous avez une valeur inestimable, et que vous avez autant droit à l’amour et au sexe que n’importe qui d’autre.

« J’aurais aimé que le corps médical m’écoute au lieu de me faire culpabiliser, et j’aurais aussi aimé qu’on m’apprenne à aimer et écouter mon corps pour savoir de quoi il a besoin puisqu’au final il n’y a que comme ça que l’on s’en sort et c’est une belle bataille ^^ »

Femme portant le syndrome d’Ehlers-Danlos (SED), maladie provenant d’un déficit fonctionnel du collagène (composant une majeure partie du corps).

 

« Ce qui m’aide est d’apprendre à accepter ma maladie, la définir comme moi et non comme un être extérieur. »

Femme avec un handicap physique et une malformation.

 

« Il n’y a pas besoin d’avoir d’orgasmes ou de jouir tout le temps pour avoir un réel plaisir. Il ne faut pas se sous-estimer, surtout pas, et se laisser totalement aller et ne plus avoir peur. »

Femme ayant des difficultés « handicapantes » à se laisser aller suite à une relation toxique, elle a peur d’être ridicule de ne pas y arriver.
couple nu faisant l'amour, la femme a des jambes atrophiées

Source : Alicia Luz

« J’aurais aimé savoir plus tôt que je pouvais plaire, qu’importe le physique….

J’ai attendu 41 ans pour avoir mon premier rapport. J’avais une mauvaise idée de moi et de ma capacité à être désirée »

Femme atteinte de myopathie, avec une faiblesse musculaire générale. Elle est encore « valide » mais a une trachéotomie pour l’aider à respirer.

 

« Si la personne ne t’accepte pas tel-le que tu es, laisse la tomber, même si c’est « seulement » pour du sexe. Ça peut (il y a beaucoup de « chance ») te faire du mal.

Ce qui m’a aidée à remonter la pente suite aux agressions que j’ai subies a été d’intégrer un groupe de parole pour femmes agressées physiquement & sexuellement, et de parler avec mon ex qui avait, elle aussi vécu, des choses similaires. Je conseille aux personnes dans mon cas de porter plainte si c’est possible, d’apprendre à s’accepter et à s’aimer malgré ça, de retranscrire ses émotions par l’art. »

Femme ayant subi plusieurs agressions physiques et sexuelles. Depuis, elle a « énormément de mal avec les gars », elle est extrêmement timide et refuse l’intimité avec eux. « Avec les nanas etc il n’y a aucun problèmes par contre ».

 

Couple = qui se regarde dans les yeux, femme blonde et sexy, homme roux

Source : Alicia Luz

« J’aurais aimé comprendre plus tôt que mon plaisir était aussi important que celui de mon copain. »

Femme qui souffre d’un « manque de libido », et de douleurs en bas du ventre lors de la pénétration. Les deux sont liés selon elle : le fait d’avoir mal lui donne moins envie de faire l’amour.

 

« Il faut retrouver confiance, s’aimer, re-découvrir ses capacités et s’appuyer dessus comme sur une canne ! Sinon la vie de couple dérive dans la monotonie, et la sexualité en pâtit.

Certaines personnalités m’ont aidée à accepter mon handicap : Roro le costaud (page Instagram), Virginie Delalande (site Handicapower), Élisabeth Quin (livre « La nuit se lève« ), et Sébastien Joachim sur son blog (SJKB). Avec eux, la peur laisse place à l’humour ! Après l’acceptation, l’humour et l’autodérision sont toujours la meilleure arme pour sortir d’une situation difficile ! »

Femme malvoyante.

Source : Vivre avec – chaîne YouTube tenue par Margot, portant le syndrome d’Ehlers-Danlos

 

Connaître ses particularités

Vous vous sentez différent-e-s sans trop savoir pourquoi ?

Vous portez peut-être un handicap invisible sans le savoir (ça a été mon cas pendant 27 ans, jusqu’à ce que je sois finalement diagnostiquée autiste asperger). Pour apprendre à vous connaître, je vous propose de :

  1. Devenir votre propre observateur : notez vos attitudes, douleurs, problèmes quotidiens (avec le plus de précisions possibles) ;
  2. Consultez votre médecin et faîtes-lui part de vos observations. Il pourra vous aider à vous orienter vers un diagnostic, dans le cas où votre différence correspondrait à un symptôme ou une maladie particulière.

Vous avez un diagnostic ?

Bonne nouvelle : vous avez ENFIN des mots pour vous décrire. Cela va être maintenant (normalement) plus facile pour vous. Vous savez exactement où chercher. Il ne vous reste « plus » qu’à lire des livres, regarder des vidéos, lire des témoignages, rejoindre des groupes de discussion, etc. concernant votre situation de handicap.

Quelle que soit votre situation, et que vous ayez un diagnostic ou non, si vous connaissez vos caractéristiques, vous pourrez jouer au mieux avec elles dans votre intimité  😉

« J’aurais aimé savoir plus tôt que je pouvais avoir des orgasmes même en étant paraplégique. »

Femme paraplégique, elle n’a pas de sensibilité dans les membres inférieur jusqu’à en dessous la poitrine.

 

« Grâce à un transfert érogène, la plupart de mes terminaisons nerveuses ont été « recyclées » sur le haut de mon corps. Particulièrement dans le cou, les tétons etc. Cela me permet d’avoir du plaisir mais pas encore d’orgasme pour le moment. Le film « De bonnes sensations » m’a fait comprendre ce qu’est le transfert érogène. Sinon, j’ai trouvé des solutions grâce à des témoignages de personnes dans la même situation que moi qui expliquaient comment eux ils faisaient.

J’aimerais que la sexualité dans le handicap soit plus abordée. Par exemple, quand on a un accident et qu’on est en rééducation, on s’occupe de toute la partie fonctionnelle sauf la sexologie (il faut la demander pour être informé). »

Homme paraplégique n’ayant aucune sensation en dessous de son bassin, « nada » comme il dit. Il ne peut avoir une érection qu’avec une aide médicamenteuse

Source : Chaîne Daylimotion « Handicap.fr » 

 

« Découvrir plus tôt ma maladie m’aurait permis de m’aider plus rapidement dans mon quotidien, et je pense en même temps ma vie sexuelle. »

Femme avec le Syndrome d’Elhers Danlos, qui lui cause notamment des douleurs chroniques et de la fatigue.

 

« Les diagnostics permettent d’avancer plus rapidement.  »

Femme souffrant de subluxations à répétition, déformations osseuses, épanchements ligamentaires, endométriose, allergies en nombre, et migraine basilaire.

 

 

Ecoute, communication et complicité

Comme toujours : communiquez, communiquez !

Les personnes qui ont témoigné ont presque toutes parlé de l’écoute attentive de leur-e Chéri-e, et des discussions complices au sein de leur couple afin de trouver ensemble les moyens de libérer leur plaisir :

« Si j’avais un message à partager, ce serait de se fier à son instinct, d’avoir confiance en la personne, et surtout de communiquer avec. »

Femme souffrant d’endométriose, une maladie qui touche l’appareil génital et peut impacter de nombreux autres organes vitaux. Cette femme ressent ainsi des douleurs lors des pénétrations, jusqu’à empêcher les rapports sexuels.

 

« Il ne faut pas avoir honte de se laisser faire. Si on est pas en état pour faire le grand 8, tant pis, on sera en état une prochaine fois ! 

On en discute parfois avec mon compagnon, l’idée c’est surtout de ne pas forcer les choses et de ne pas se faire mal. Parfois, c’est agréable de se laisser faire aussi. »

Personne souffrant de douleurs chroniques, fatigue chronique, blessures fréquentes, problèmes de tension, malaises, et perte de libido (effet secondaire d’un traitement). Pour elle, la sexualité s’avère souvent physiquement difficile (risque de blessure) et source de fatigue.

 

Femme de petite taille en train de sucer un homme très grand , handicap et sexualité

Source : Alicia Luz

« J’ai un partenaire très à l’écoute et qui a su « s’adapter » très rapidement à la situation mais je n’ai pas de problème à ce sujet. Il y a toujours des moyens de s’adapter à chaque situation, chaque position. Toujours une solution.

Je pense que chaque relation et chaque situation est différente. Le conseil que je pourrais donner est de beaucoup communiquer avec son partenaire, sans tabou.  »

Femme atteinte d’achondroplasie (elle mesure 1m28), en couple avec un homme mesurant un bon mètre 85 ^^.

 

« Mon compagnon est très à l’écoute, je n’ai rien à faire, il fait selon ce qu’il sent sous ses mains (mouvement anormal) et ce qu’il entend (craquement) et je le guide pour ce qui est bien interne dans mon corps »

Femme vivant avec une atteinte des tissus conjonctifs/osseux/musculaire/articulaire (tout ce qui est en lien avec le collagène (75% du corps humain)). Cela peut être à l’origine de luxation des articulations pendant l’acte, douleurs inflammatoires intenses, douleurs abdominales et lombaires pendant la pénétration.

 

Couple amoureux, femme blonde et homme protecteur

Source : Alicia Luz

« Je demande à mes partenaires de toujours me parler dans l’oreille en articulant pour éviter que je fasse répéter plusieurs fois (ce qui peut vite agacer pendant l’acte). Et surtout, je pense à enlever mes appareils avant, car lorsque quelque chose se met contre ils émettent un son aigu très désagréable.  »

Malentendante née avec la moitié de son audition (et qui en perd un peu chaque année). Physiquement, elle n’a aucun problème. C’est uniquement lorsque son partenaire lui parle que ça pose problème. Elle n’entend pas toujours et peut faire « trop de bruit » car elle n’est pas capable de se rendre compte du volume qu’elle émet.

 

« Déjà, avoir un•e partenaire à l’écoute aide beaucoup. Aussi, changer de position assez régulièrement pour ne pas rester trop longtemps sur les mêmes articulations. Essayer de me préserver, en acceptant le fait que je ne peux pas toujours « mener la danse » même si j’en ai envie, car sinon j’aurai trop mal et ce serait dommage puisque c’est sensé être un moment de plaisir. »

Homme portant le syndrome d’Ehlers-Danlos de type hypermobile. Ses articulations se déboîtent facilement et lui font mal tout le temps. Il est très vite fatigué. Les douleurs empêchent ou gâchent certaines positions. Il n’a pas vraiment d’endurance dans les gestes répétitifs, et il a peu de force. Pour lui, c’est physiquement difficile d’être « actif » dans la relation sexuelle, alors que c’est pourtant son tempérament.

 

Couple amoureux, homme tétraplégique en fauteuil roulant

Source : Alicia Luz

« Faire l’amour avec un mec tétraplégique, c’est une autre façon de faire l’amour car il a fallu beaucoup parler pour adapter nos façons de faire. J’avais quelques appréhensions avant de coucher avec un mec tétraplégique… Du coup, j’avais regardé des kamasutras adaptés sur internet mais ça s’est plutôt fait au feeling et avec l’imagination. Il avait l’érection mais par contre il n’éjaculait plus et ses sensations étaient différentes d’avant. Il avait besoin de voir ce qu’il se passait pour mieux ressentir les choses et avoir davantage de plaisir. Nous nous sommes parfois retrouvés dans des situations farfelues. 

Bien que le panel de position soit un peu diminué par rapport à ce que j’avais connu avant, non je ne « faisais pas tout » comme le pensent la plupart des gens. Il a su me guider pour que l’on « s’améliore ». Nous avons pu pimenter notre sexualité en variant les lieux et les accessoires.

Bien que l’acte en lui même se fasse, il ne faut pas négliger toute la tendresse et la sensualité qui va avec. Chose que les mecs « valides » oublient parfois.»

Femme ayant vécu une relation de couple avec un homme tétraplégique rencontré après son accident.

 

« J’ai un adorable partenaire, à l’écoute et qui fait tout pour s’adapter et que j’en souffre le moins possible.

Je conseille d’écouter votre corps, d’en parler, et de tester ce qui vous plairait. »

Femme vivant avec une plaque et des vis dans la colonne vertébrale, ce qui lui provoque des douleurs et un manque de souplesse.

 

Les seules limites sont celles que l’on s’impose

Vous êtes capables de BEAUCOUP … ^^

Femme amputée avec une prothèse à la jambe, homme lui caressant l'entrejambe

Source : Alicia Luz

La meilleure manière de savoir si vous êtes en mesure de faire telle ou telle position est encore de tester par vous-mêmes ! Je vous propose de vous imaginer capable jusqu’à preuve du contraire, et si vous rencontrez des freins, rien ne vous empêche d’adapter vos envies à l’infini.

 

 

 

 

 

 

 

 

« Je m’adapte au mieux selon ce que mon corps est capable de faire et de supporter, selon la position que je souhaite pratiquer. Avec le temps et mes expériences j’ai pu découvrir de nouvelles choses que mon corps était capable de faire et d’accepter. Cela m’a également permis de connaître mon corps. J’adore me dire « ah oui je peux faire ça ? J’y arrive ? Ok c’est super cool !! », c’est comme une petite victoire (qui reste secrète ahah) !

Dans l’ensemble, mes relations sexuelle se sont toujours plus ou moins bien passées. Ce qui est un peu plus délicat, c’est de rassurer la personne avec qui nous faisons l’amour. Ces personnes-là ne sont pas au courant de ce que nous sommes capables de faire ou non. Si je pouvais donner un conseil très important, ce serait de ne jamais négliger la communication durant un ébat amoureux. »

Femme atteinte de polyarthrite rhumatoïde juvénile depuis son plus jeune âge. Elle se déplace en fauteuil roulant depuis 9 ans suite à la dégradation de sa maladie et un accident. Sa maladie l’empêche de pratiquer certaines positions (qu’elle aimerait pourtant beaucoup essayer). 

 

« Ce n’est pas parce que la vie sexuelle est restreinte (par des douleurs ou problèmes), qu’il faut se sentir coupable. Au contraire, il faut profiter lorsqu’on en a envie et ne pas se sentir forcée parce qu’on ne fait pas ça aussi souvent que l’on voudrait.

Ce qui m’aide, c’est beaucoup de tâtonnements dans les positions et les façons de faire. Je pratique les positions qui permettent de ne pas mettre trop de poids sur les articulations et j’utilise des crèmes permettant de protéger la peau contre les brûlures. Je trouve aussi beaucoup d’aide dans les groupes de soutien pour handi centrés sur la vie sexuelle et qui connaissent un peu ma pathologie. »

Femme ayant le Syndrome d’Ehler-Danlos, qui lui provoque des douleurs permanentes dans les articulations ainsi que  dans certains organes. Sa maladie provoque souvent des déboîtement des articulations, ce qui peut être « assez embêtant » comme elle dit. Cela lui cause aussi une hyperfragilité de la peau. Elle se brûle souvent avec les draps, même en dehors des ébats, encore plus pendant.
Etreinte amoureuse, handisexe, cunnilingus

Source : Alicia Luz

« J’ai découvert ma sexualité il y a peu (j’ai 30 ans). Je suis dans une relation ouverte avec un homme non binaire et pan, pour ma part je suis hétéro ! Nous avons dû essayer plusieurs positions pour trouver celles qui nous conviennent le mieux ! Il nous a fallu plusieurs fois étaler sur 1 an avant que l’on trouve des positions qui me procurent entière satisfaction. Nous pratiquons le sexe oral, anal, et vaginal. »

Femme ayant une Infirmité Motrice Cérébrale (suite à des lésions survenues durant la période périnatale, elle a une infirmité motrice). Elle n’a pas de motricité des jambes, et l’une d’elle est tendue. Sa main gauche ne peut pas trop bouger, mais sa main droite est mobile ! Elle se déplace en fauteuil et a besoin d’aide pour se lever, ou se tourner (lorsqu’elle est allongée). Pendant leurs ébats sexuels, son partenaire doit pratiquer tous ses transferts (changement de position), ce qui le fait souvent débander (effort physique et concentration) !

 

« Mes sensibilités exacerbées et mes difficultés de communication ne m’empêchent pas de pratiquer le libertinage ! Et ça se passe bien, il suffit d’expliquer en quelques mots ce que j’aime ou n’aime pas qu’on me fasse au début (et pendant) les ébats sexuels et puis voilà. Pas de prise de tête, et si en face la/les personnes ne sont pas réceptives, on arrête, sans rancune^^. Pour moi, il est très important de respecter mon propre fonctionnement. Par contre, libertiner me demande beaucoup d’énergie et j’arrive facilement à une surcharge sensitive. Et c’est fatigant ! Je dois prévoir beaucoup de repos après pour « m’en remettre ». Donc au final je libertine assez rarement !

Une fois, c’était un peu spécial : j’ai libertiné avec un couple sourd-muet. Ils parlaient avec des gestes, sauf que moi j’ai justement des soucis à décoder le langage non-verbal, le résultat a été assez cocasse^^ »

Morgane, la blogueuse de ce site. Je porte le syndrome asperger, un handicap invisible. Ma sensibilité au toucher et au bruit est très élevée, et j’ai des difficultés à décoder le langage non verbal et le second degré. 

 

Homme léchant une belle femme blonde, sexualité et handicap

Source : Alicia Luz

« Bien sûr on trouve des astuces, des façons concrètes et pratiques qui permettent ceci ou cela. J’aime par exemple pouvoir positionner ma partenaire sur une surface assez haute sous laquelle je peux passer. C’est un bon moyen d’avoir accès à son sexe avec ma bouche sans qu’elle n’ait ni acrobatie ni effort à faire. C’est une astuce parmi tant d’autres. Il s’agit surtout ensuite de savoir se parler sans tabou de ses envies et de voir ensuite comment on peut s’y prendre. Le dialogue est essentiel. Et je crois qu’il ne faut pas se limiter. Avec de l’imagination, de la fantaisie et en faisant marcher la boîte à fantasmes on peut faire bien des choses, même sans force musculaire.  »

Johann Chaulet, homme atteint de myopathie. Il a perdu la marche à l’âge de 11 ans. Il en a 37 aujourd’hui, et se déplace en fauteuil roulant électrique, il respire grâce à un appareil de ventilation et il a besoin d’aide pour a peu près tous les gestes de sa vie quotidienne car sa force musculaire est très limitée. Il est co-auteur d’un article de sociologie sur le sujet de la handi-sexualité (accessible ici).

 

 

Des astuces bien à vous

Vous n’imaginez pas la foule d’astuces que votre imagination est capable de développer !

Sans aller au-delà de ce que votre corps accepte, adapter votre environnement et vos façons de faire peut faire reculer vos limites et vous ouvrir à de nouvelles sensations 🔥

« Il y a des solutions à tout. Avec mon copain, on a mis en place des codes. Il tapote mon épaule 2 fois si ça ne lui plaît pas ou que je lui fais mal, il me tapote le genou 2 fois s’il veut changer, etc. »

Femme atteinte de surdité. Des fois, elle n’entend pas ce que son copain veut lui dire (si ça ne lui plaît pas, si elle lui fait mal, si ça va) pendant leurs ébats amoureux.

 

Homme prodiguant un cunnilingus à une femme au-dessus de lui , art érotique , aquarelle

Source : Alicia Luz

« J’adore pratiquer le 69 et je pense avant tout au plaisir de Madame. Ma dernière copine date de 2016, c’était le début de la redécouverte totale de mon nouveau corps ! Et le handicap interférait sur le fait que les positions étaient limitées à moi dessous et que j’ai jamais éjaculé durant la pénétration. Mais durant le 69, l’orgasme est arrivé et mon bras gauche s’est mis à trembler »

Homme atteint d’une hémiplégie gauche (c’est surtout son bras gauche qui est paralysé avec la main très peu fonctionnelle et sa jambe gauche est spastique par moment.

 

« J’utilise des attelles de compression pour l’hyperlaxité, un matelas adapté aussi, et mon ou ma compagne prend en compte mes maladies et sait s’adapter à celles-ci. Pour la maladie de Crohn, cela dépend de chaque personne mais certains aliments sont à éviter totalement, et il existe des petits médicament à prendre avant pour atténuer la douleur. »

Femme atteinte de plusieurs maladies : deux maladies à l’estomac et une maladie de Crohn. Elle est aussi hyperlaxe et a une ostéochondrose aux os des chevilles. Ses maladies à l’estomac font que la digestion est très difficile, il lui est impossible de faire quoi que ce soit après manger, voire pendant plusieurs heures après, dont le sexe. La maladie de Crohn nécessite de longues pauses aux toilettes, sa vie de couple et sa sexualité en sont très touchées. Par exemple, elle s’est déjà fait des entorses en ayant un orgasme, à cause de son hyperlaxité et de son ostéochondrose. Ses hanches se déboîtent souvent et ses immobilisations durant des mois mettent un stop net à sa sexualité, lorsque ça arrive.

 

Couple faisant l'amour en missionnaire au milieu de plein de coussins

Source : Alicia Luz

« Je mets des coussins partout et je pratique le missionnaire (pas d’autres choix) »

Femme souffrant de subluxations à répétition, déformations osseuses, épanchements ligamentaires, endométriose, allergies en nombre, migraine basilaire (maladie rare qui provoque des paralysies et perte de connaissance). L’acte sexuel peut lui causer des douleurs de type brûlure et la peur de faire une crise.

 

« Je fais ma glycémie avant de faire l’amour ! Et si nécessaire, au cas où je me sentirai pas top, je le dis a mon partenaire, on fait une pause et je prends ma glycémie, puis c’est reparti ! 😉 »

Personne diabétique. Il lui est possible de faire une hypoglycémie en plein acte à cause des « efforts » trop intenses… 😅 Elle m’a confié : « Les gens ne pensent pas forcément à ce genre de problème avec le diabète, et pourtant ça arrive ! Et dire à son partenaire de faire une pause ne plaît pas toujours… »

 

« C’est difficile de partager un lit avec un homme quand on risque de lui pisser dessus à tout moment…. C’est pas agréable ni pour lui, ni pour moi. Alors j’ai trouvé une solution : je me débrouille pour être toujours « à vide » avant de commencer nos câlins.

Je voudrais dire aussi qu’il ne faut surtout jamais se restreindre a cause de son handicap. »

Femme incontinente suite a un cancer lorsqu’elle était bébé.

 

« Surtout, se laisser aller !!! Je suis assez anxieuse, et pendant des années j’ai passé des nuits blanches à me poser des milliers de questions à propos de ma sexualité, sur le fait que je sois « anormale ». Maintenant, j’ai toujours mes questions mais j’ai pris du recul et me mets moins de pression car ça me pourrissait la vie.

Je peux constater deux points, l’un psychologique, puis l’autre physique forcément. Un gros manque de confiance en moi et puis le côté physique : ne pas être libre de faire ce que je veux de mon corps (de mes mouvements j’entends). J’ai heureusement la chance d’avoir un amoureux très attentionné et à l’écoute et je dirais que je suis épanouie sexuellement aujourd’hui. Même si il y a encore beaucoup de questions auxquelles je n’ai pas de réponses, je me sens « normale ».

J’ai découvert des positions pour être plus à l’aise, mais je me sens toujours un peu limitée. J’ai encore beaucoup à découvrir je pense. »

Femme âgée de 28 ans, avec une hémiplégie droite suite à un AVC quand elle avait 10 ans. Après une période de rééducation, elle a pu retrouver l’usage de la parole, de la marche, elle a encore des séquelles, notamment une boiterie du côté droit et son bras droit est resté paralysé.

 

 

Pour conclure, je vous laisse avec les quelques mots de cet homme vivant avec le SED hypermobile :

« Le plus important selon moi, c’est de trouver une personne qui saura faire attention et en même temps faire abstraction. Pour que le handicap soit certes quelque chose à prendre en compte, mais pas un obstacle. »

 

Et vous ? Comment vivez-vous votre sexualité ?

Répondez dans les commentaires  😉 

 

❤ Love ❤

Morgane Z.

L’épanouissement sexuel loin des normes.

Couple amoureux, homme paralysé en fauteuil roulant, femme blonde assise par terre, ils regardent au loin

Source : Alicia Luz

Source : Instagram

Cet article n’aurait pas pu voir le jour sans toutes les personnes qui ont répondu à mon appel à témoignages sur les réseaux sociaux. Je vous remercie toutes et tous pour avoir accepté de vous livrer sur votre intimité. Je remercie également les nombreuses personnes qui ont relayé mon appel sur les réseaux sociaux : Lady Shagass du blog Desculottées, Mylène Pickaerts de @mimi_et_ses_roulettes, Julia Pietri de @gangduclito, Aristochatte du blog du même nom, @metacapote, @jouissance.club, et @plaisirs_coupables.

 

L’article a été relu et surtout illustré par la talentueuse Alicia Luz @alicialuzauteure (d’ailleurs^^ elle vient juste de sortir le roman érotique « Le fantasme de ma vie – Pensées d’une trentenaire aux envies légères« , si ça vous intéresse, cliquez ici).

 

Toutes mes publications sont à but éducatif et n’ont en aucun cas pour but d’inciter à la haine ou détériorer l’image d’une quelconque communauté. Si vous vous sentez vexé-e-s, sachez que ce n’était pas mon intention.

 

Pour aller plus loin, je vous recommande les lectures suivantes :

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Ressources bibliographiques :

Informations complémentaires :

  • Le CCAH (Comité national Coordination Action Handicap) reporte 6 millions de personnes touchées par un handicap en France, rapporté à la population Française de 65 millions d’habitants (source : INED (Institut National d’Etudes Démographiques), cela représente 9% de la population (Mais quand on additionne les chiffres de l’article du CCAH, on arrive plutôt à 15%).
  • D’après l’ONU, environ 10% de la population humaine vit avec un handicap, et dans les pays où l’espérance de vie est supérieure à 70 ans (genre la France), chaque individu passera en moyenne huit ans à vivre avec un handicap.

Crédits dessin : Alicia Luz

Transcription du slam érotique d’Alicia :

Elle dévale la rue, les cheveux au vent,
Un regard, un sourire et dans mon corps tout se tend…
.
Je l’ai regardée et je n’ai pas osé m’approcher,
Mes parents me répètent à tue-tête  »il ne faut pas la toucher »
Pourtant j’ai envie d’elle, moi qui ne sait pas parler,
Quand aurais-je le droit de la caresser ?
.
Je l’ai croisée assise à ma hauteur,
Des images, des envies, un brin enjôleur,
Sur mon fauteuil je rêve qu’elle m’escalade,
La regarder prendre son pied sur l’esplanade…
.
Je ne vois que ses formes et le galbe de ses hanches,
Je sens son odeur, doux parfum quand elle se penche,
Éveillant mon envie de soirées arrosées,
Finissant dans un lit bien épicé.
.
Oserai-je lui dire qu’elle me plaît,
Moi qui n’ai jamais réussi à lui parler,
Pourtant je la vois tous les jours assise à mon bar,
Le moindre de ses regards, je m’en empare.
.
Je les vois tous me dévisager,
Qui osera faire le premier pas pour me parler,
Moi qui suis trop timide pour les approcher.
Je dévale la rue, cheveux au vent,
Des regards, des sourires, mais la solitude qui me prend…

Bonus : Quelques trucs qui aident à avoir une érection, par l’artiste Cy(prine) :

Astuces pour avoir une érection quand on est paralysé du bas (paraplégie, hémiplégie, tétraplégie)

Source : Cy(prine)