« Les Hommes sont « dominants » sous la couette », « Savoir faire l’amour est inné », « La bisexualité n’est pas une orientation sexuelle mais un appétit sexuel très fort »… Les idées reçues sur la sexualité pullulent et je vais vous expliquer pourquoi en 12 points.
Les idées reçues ont la vie dure
Je constate quotidiennement à quel point les croyances limitantes sur la sexualité persistent ! Hé oui : les messages ou questions que vous m’envoyez via Facebook ou Instagram sont souvent empreints de ces idées reçues. Quelques exemples…
Pourquoi tant d’idées reçues en sexualité ? Les 12 raisons
Un nombre incalculable d’idées reçues de toutes sortes circule dans le domaine de la sexualité… Pourquoi ?
- Découvertes scientifiques historiques : Certaines découvertes scientifiques influencent la morale sexuelle établie et engendrent de nouvelles croyances. Ainsi, lorsque Leeuwenhoek découvre l’existence des spermatozoïdes dans le sperme en 1677, il s’ensuit une condamnation publique de la masturbation (par le biais de la publication du Testamen par Tissot en 1758, approuvée par les grands médecins de l’époque). En effet, s’il y a de la vie dans le sperme, la masturbation devient un crime. Parmi vous, certains sont encore influencés par cette croyance, il y a ainsi un abonné qui m’a demandé 4 fois si j’étais bien sûre que la masturbation n’avait aucun effet néfaste.
- Théories historiques : Certains hommes d’influence, scientifiques ou psychanalystes ont défendu des théories fausses (souvent à propos de la sexualité féminine, mais pas que), qui sont restées vivaces et très populaires même une fois prouvées fausses (je n’accuse pas ces personnes, à leur époque leurs théories permettaient d’expliquer certaines choses). Par exemple, Freud affirmait que l’orgasme clitoridien était infantile et que si une femme était mature alors elle jouissait par pénétration vaginale… Et encore aujourd’hui je reçois régulièrement des messages de femmes me demandant des moyens d’atteindre ce fameux orgasme vaginal : d’après elles cet orgasme serait plus puissant que celui causé par la stimulation clitoridienne.
- Normes sociales : Dans l’organisation sociale actuelle (je ne parle que du monde occidental car c’est le seul que je connaisse vraiment), les hommes se voient souvent assignés le rôle de « supérieurs » (le président de la République est un homme, la majeure partie des PDG d’entreprise sont des hommes, etc.) … Ce même système se répète en miroir dans l’intimité : combien de personnes croient que l’homme est naturellement « dominant » au lit ? (si c’est le cas, je ne vous accuse pas mais vous demande d’essayer de faire des efforts pour élargir vos représentations de genre, même si se détacher des normes sociales demande beaucoup de recul et de remise en question).
- Absence de représentations : Lorsqu’une chose est très peu représentée, elle tombe aux oubliettes ou se transforme en interdit (pas de représentation = pas d’existence). Ainsi, même si cela change un peu de nos jours, l’amour homosexuel est quasiment absent des médias tous publics. Sans parler tout de suite d’homophobie, je peux comprendre qu’un enfant qui grandisse sans aucun contact avec des personnes homosexuelles ait intégré dans son système de pensées qu’un tel amour n’existe tout simplement pas. A l’âge adulte, cet enfant pourra éprouver de l’incompréhension envers ces personnes jamais mises en avant (si c’est votre cas, je vous invite à lire les témoignages publiés sur le blog, ils sont là pour vous aider à mieux comprendre l’intimité des autres et à les accepter pour ce qu’ils-elles sont). Il en est de même pour toutes les sexualités et personnalités sous- voire non-représentées : bi, trans, queer, gender-fluide, personnes âgées, personnes handicapées, …
- Films : La sexualité étant taboue, il est difficile de trouver des informations de qualité à son sujet, et vous pouvez vous retrouver à glaner des infos un peu partout, dont les films grand public. Dans ces films, vous ne voyez jamais les amants utiliser de préservatif et leurs galipettes semblent pleines de plaisir, dans votre tête l’association plaisir = pas de capote peut alors se faire assez rapidement…
- Pornographie : Est-ce que, comme la plupart des enfants / ados de nos jours, les premières images de sexualité auxquelles vous avez été confronté-e-s ont été des images pornographiques ? Si oui, ces images ont contribué à constituer votre « base de données sexuelles ». N’ayant que ces images à disposition, vous pouvez les prendre comme exemples à suivre, et croire par exemple que les Femmes crient quand elles ont du plaisir, que le must est d’éjaculer sur le visage de Chéri-e, et qu’un rapport sexuel sans pénétration n’est pas du sexe.
- Statistique : La sexualité relève du domaine intime : le nombre d’ami-e-s avec qui vous pouvez en parler se compte probablement sur les doigts d’une seule main. En connaissant la vie intime de seulement 4 personnes, comment voulez-vous avoir une représentation reflétant la population toute entière ?
- Ignorance : Parfois, vous pouvez vous faire une idée totalement fausse, simplement par ignorance, comme moi qui à 12 ans croyais que les gais faisaient l’amour en enroulant leurs pénis ensemble (je croyais que les adultes ne pouvaient faire « han-han » que de face, tout en s’embrassant) 😂
- Education : Imaginez : vous avez été surpris-e pendant votre enfance en train de vous masturber et votre père vous a dit « Ne fais pas ça, c’est sale ! »… Il est fort probable que vous ayez gardé en vous cette honte mêlée à la peur de l’autorité parentale une fois adulte et que vous soyez en incapacité totale de vous masturber.
- Culpabilité : Par manque de confiance en vous, vous pouvez culpabiliser et croire par exemple que vous êtes un « mauvais coup » en invoquant toutes sortes de raisons plus saugrenues les unes que les autres comme le fait que vous ne sucez ou ne léchez pas Chéri-e.
- Peur : Il existe une foule d’idées reçues sur la première fois, notamment autour de la douleur potentielle : ça fait mal, on saigne, etc. Ces croyances reposent en fait sur la peur de l’inconnu, la peur de se retrouver nu-e face à quelqu’un, la peur de se laisser approcher, la peur de l’autre, … Si c’est votre cas, vous vous raccrochez à ces croyances car elle vous permettent de justifier vos peurs (au lieu de remettre en question la raison même de votre peur, qui nécessite un lâcher prise et beaucoup beaucoup de recul, je ne vous accuse donc pas mais explique le processus psychologique duquel vous êtes en proie).
- Désarroi : Il est possible de se trouver complètement désarçonné-e par une situation et de ne pas savoir quoi penser. Ce peut être votre cas face à une personne en situation de handicap par exemple, vous pouvez ne pas savoir quoi imaginer et en déduire que ces personnes-là n’ont pas de sexualité.
Nous baignons tous et toutes dans une culture issue de plusieurs siècles d’Histoire. Nous nous sommes tous et toutes construit-e-s autour de certaines croyances car à un moment donné elles étaient utiles pour notre survie. Tous ces facteurs contribuent à la persistance des idées reçues… MAIS ! Ces croyances limitantes peuvent devenir néfastes à un moment ou un autre.
Le problème avec les idées reçues
Ces fausses croyances peuvent entraver votre sexualité le jour où vous êtes amené-e-s à vivre quelque chose en contradiction avec elles. Elles se transforment alors en croyances limitantes.
Par exemple, pour vous sentir prêt-e-s, vous avez regardé des films pornographiques lorsque vous étiez ados. Puis vous avez rencontré une personne qui vous plaisait et tadam vous L’avez enfin fait. Sauf que vous n’avez rien compris : la fille ne criait pas du tout ! Horreur, vous aviez pourtant retenu dans les films que plus la fille criait plus elle avait de plaisir… Votre croyance ne matche plus avec votre réalité : Chérie vous assure qu’elle a aimé faire l’amour avec vous, pourtant elle n’a pas crié.
Par cet exemple simplet, vous comprenez que les idées reçues auxquelles vous adhérez peuvent porter atteinte à votre confiance en vous. Plus gravement, les croyances limitantes peuvent vous amener à :
- Passer à côté de plaisirs sexuels fantastiques (comme tous les hommes qui refusent catégoriquement de s’ouvrir au plaisir anal par peur de perdre toute virilité, alors qu’ils sentent que ça les attire malgré eux) ;
- Fabriquer des complexes de toutes pièces (si vous prenez les pornstars pour modèles par exemple, sans connaître les coulisses de l’industrie du X) ;
- Croire que vous n’êtes pas normal-e-s et souffrir de ne plus vivre en accord avec vous-mêmes (par exemple : vous découvrez que vous êtes bi et cela vous provoque une crise existentielle) ;
- Faire des choses que vous ne désirez pas (comme faire une fellation car « pour être un bon coup il faut sucer ») ;
- Favoriser la haine de l’autre (par exemple, je pense que l’idée selon laquelle l’homosexualité est contre-nature favorise l’homophobie).
Aucun fondement scientifique ne valide la notion de normalité : il n’y a rien de normal ou d’anormal en sexualité. Je vous invite donc dès maintenant à remettre en cause vos conditionnements historiques, socio-culturels, éducationnels, etc. et à travailler sur vos peurs, culpabilités, hontes, … Pour vous libérer de vos propres croyances limitantes, mieux vivre tous et toutes ensembles, et vous épanouir pleinement sous la couette, selon ce qui vous convient à VOUS, et non ce qu’il convient de faire selon une soi-disant morale établie.
Il ne tient qu’à vous de tordre le cou à toutes ces idées reçues, une par une. Je vais vous y aider grâce à une série d’articles sur le thème des idées reçues, restez connecté-e-s…
Dîtes-moi dans les commentaires si vous avez déjà découvert quelques-unes de vos croyances limitantes, et lesquelles !
Agathe Aventure
En complément de cet article, vous pouvez lire :
- Cet homme handicapé brise les tabous sur la sexualité – Témoignage
- Heureuse en apparence mais insatisfaite sous la couette – Témoignage
- Anarchiste, polyamoureux et bien dans ses baskets – Témoignage
Toutes mes publications sont à but éducatif et n’ont en aucun cas pour but d’inciter à la haine ou détériorer l’image d’une quelconque communauté. Si vous vous sentez vexé-e-s, sachez que ce n’était pas mon intention.
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Ressources bibliographiques :
Livres :
Sites Internet :
- Les idées reçues sur les sexualités (planning familial)
- Le mythe de l’orgasme vaginal (Cairn.info)
- Étude. Ceux qui pensent que les hommes doivent être dominants au lit ont une sexualité moins épanouie que les autres (Huffpost)
Crédits photographiques :
- Entête d’article : Gabriel Matula (matulaphoto.com)
- Homme prisonnier : Cristian Newman (IG @Cristian_Newman)
Ah le plaisir anal masculin pour les heteros…ce sera l’idée nouvelle à integrer au sexe, les hommes peuvent decouvrir un autre plaisir vers une autre jouissance, si la chérie le veut bien, parfois ce n’est pas gagné…d’ou la méthode du sandwich!!!
Autre idée reçue, la masturbation reduit le sexe de l’homme! On m’a dit ça, j’etais quasi formé pour le faire, alors quelle peur! Mais j’avais un père et j’ai une maman au top qui m’ont répondu avec un petit rictus, puis ont démonté plusieurs idées reçues citées dans ton article…bref j’ai eu plus de chance que d’autres je crois.
Ah tiens, je ne savais pas que certains disaient que la masturbation pouvait rétrécir le sexe ! Il en existe tellement concernant la masturbation, c’est fou. Ces tabous viennent de l’interdiction de tuer la vie à la base, c’est respectable… Mais maintenant qu’on en sait plus, ce serait bien de retirer ces vieilles idées fausses de la circulation !
Love ❤️
Morgane Z.