C’était à la fin de mes études, j’étais partie 7 mois en Guyane pour réaliser mon mémoire de master en biologie. Vient le mois de mai et ses jours fériés :-)) Pour profiter du pays, je m’étais inscrite à un weekend aventure de 3 jours pendant un pont. Me voilà partie avec 2 inconnues et un guide direction le lac de Petit-Saut !
Au programme : canoë le premier jour pour nous rendre au bout du lac, puis randonnée terrestre avec bivouac en hamac dans la forêt, et retour en canoë le dernier jour. Ça allait être trop bien, une aventure comme je les aime ! On démarre notre périple en canoë. Il fait beau, le lac est magnifique. On vogue entre les arbres engloutis par la construction du barrage de Petit-Saut dans les années 1990. Le paysage est pittoresque, les eaux calmes sont entourées de forêts tropicales…
A midi, on s’arrête sur une petite île pour pique-niquer.
Je pose mon pied nu au sol, sans faire attention. Une armée de fourmis rouges me monte dessus, mais je m’en rends vite compte et les enlève (trop tard ! Vous comprendrez après pourquoi).
Je décide de manger mon sandwich dans le canoë, quelques fourmis m’ont déjà piquée et je n’ai pas envie qu’elles recommencent ! Je croque une bouchée, et je commence à sentir des picotements au niveau des fesses. Je regarde dans mon pantalon : rien. Puis ça commence à me gratter. Je me lève et m’agite. La douleur se répand partout. Là je comprends : je suis allergique aux fourmis rouges guyanaises (et je viens de le découvrir) ! Je n’avais pas fait attention mais elles sont une quinzaine à m’avoir mordue simultanément le pied sur l’îlot.
Alerte : je fais la première réaction allergique cutanée de ma vie ! Ma peau se couvre de plaques blanches épaisses (des globules blancs à profusion je suppose). La sensation d’expansion de ma peau me fait atrocement mal. Je me gratte comme une folle : que faire d’autre quand toute la surface de ton épiderme te brûle ? Tout mon corps se met à enfler.
Je me souviens que j’ai un anti-histaminique dans mon sac car je suis allergique à la poussière. Je l’avale en urgence, avec un médicament homéopathique d’une autre participante. Il ne se passe rien : je continue à enfler.
Branle-bas de combat : on est à 2 heures de canoë des voitures puis à 2 heures de route chaotique jusqu’à l’hôpital le plus proche. Si je fais un choc anaphylactique avant d’atteindre l’hôpital et que ma gorge enfle en plus du reste, je risque de mourir étouffée. Et évidemment, au milieu d’un lac en Guyane, compliqué de faire venir les pompiers !
Demi-tour toute !! Mes partenaires d’aventure pagaient de toutes leurs forces pour rejoindre le parking sur la berge. Mais c’est lourd un gros canoë chargé pour 3 jours… Et moi je pleure de douleur, même mon visage enfle. Ma peau me tire de partout, elle est tellement tendue… j’ai l’impression qu’elle va se déchirer.
Après 1h30 de pagayage intense, on arrive à la berge. Et je vais mieux. Peut-être l’anti-histaminique a fait effet ? Je suis toujours enflée, mais ça a arrêté de s’étendre, ça n’a pas atteint la gorge et ça semble même diminuer. On rentre tout de même à Cayenne. Weekend annulé. Repos obligatoire.
Je dors et me remets de mes émotions. Mon visage garde des traces de gonflement tout le weekend mais ça va. Je fais un skype avec mon chéri de l’époque. On était en relation à distance le temps de mon mémoire au CNRS guyanais. Je lui raconte mes mésaventures.
Sa réaction ?
Lui qui est « spirituel » m’explique que les fourmis m’ont attaquée car je n’étais pas en harmonie avec la nature… !!! Je suis restée sur le c**l. En gros c’est de ma faute, je devrais travailler sur mon lien avec le vivant, être dans l’amour conditionnel en permanence. Ainsi, aucune bête ne me piquerait dans la forêt (Limite elles se prosterneraient sur mon passage et j’aurai un halo de lumière divine autour de la tête lol) !
Euh what ? Je dois surtout me trimballer en permanence avec une seringue d’adrénaline à m’injecter en cas d’autre crise allergique majeure (et éviter de marcher pieds nus sur le territoire de fourmis rouges of course).
J’ai découvert ce jour-là qu’il existait une spiritualité toxique. Une spiritualité qui n’accompagne pas du tout vers le meilleur et qui peut être utilisée pour dénigrer d’autres personnes, ou les faire culpabiliser.
Mon chéri de l’époque n’agissait pas avec de mauvaises intentions, j’en suis sûre… Mais clairement quand une proche est passée proche de la mort, elle a besoin de soutien et d’empathie… Pas de reproches moralisateurs. Si la spiritualité est utilisée comme base pour culpabiliser / faire des reproches / haïr qui que ce soit, alors pour moi ce n’est pas de la spiritualité. C’est des croyances au service des comportements négatifs et de la malveillance
Pour moi, la spiritualité est un ensemble de croyances – vérifiées ou non par des expériences vécues. Ces croyances sont là pour nous soutenir au quotidien, nous accompagner sur notre chemin d’évolution. Ma spiritualité implique également des valeurs comme la compassion ou l’amour inconditionnel, et elle est source de transformation personnelle. Elle me permet d’aller de l’avant et d’accueillir plus facilement ce qui m’arrive au quotidien. Jamais elle n’est une excuse pour accuser quelqu’un de quoi que ce soit !!
Et toi ? Tu trouves aussi que la spiritualité peut devenir toxique si elle n’est pas utilisée à bon escient ? Réponds dans les commentaires !!